Charles PERRIN dit Vauban - Son arrestation
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C’est en me rendant à une réunion 1 rue Saint Clair à Lyon où tout l’Etat Major de la Zone Sud était convoqué que, suite à une trahison, il y eut un coup de filet allemand. Aussi lorsque j’arrive, en ouvrant la porte, je vis dans le fond de la cuisine, derrière une table un homme, en bras de chemise, et qui en souriant et dans un français parfait, me dit « bonjour camarade ».
Ayant avancé d’un pas ou deux, je fus subitement saisi de chaque côté par les mains et en l’espace d’une seconde ou deux, j’avais celles-ci attachées dans le dos par des menottes (...)
En même temps, l’homme que j’avais vu en entrant et que je sus plus tard être un chef de la Gestapo connu sous le nom de Barbie, bondissait et me collait un colt de 11 mm sur le ventre en me disant, « pas un mot ou on te tue » et me fit monter à l’arrière d’une camionnette, où se trouvaient déjà, menottés, ceux de l’Etat-Major déjà présents à la réunion.
Après avoir roulé quelques instants, la camionnette qui nous transportait, stoppa et on nous fit descendre. Nous nous trouvions dans une cour, entourée de hauts bâtiments. C’était l’école de santé militaire, avenue Berthelot, siège de la Gestapo. Une horloge, accolée au mur d’un bâtiment, marquait 14 heures. Nous prenons un escalier qui nous mène au sous-sol. Là se trouve une allée centrale assez large et donnant sur cette allé, 6 portes, 3 de chaque côté, correspondant chacune à une cave voutée.
Sur le matin, Barbie fait irruption dans la cave avec quelques autres sbires. Il crie des insultes en allemand en voyant que je dispose d’une chaise. Celle-ci m’est aussitôt retirée. Puis en français, il me dit : « C’est toi Vauban ? » Je nie, il n’insiste pas. Il agit de même vers Paulus et Saint-Avold.
Dans la journée, Charles Perrin va voir défiler plusieurs camarades arrêtés. A un moment où l’activité des maquis a redoublé d’intensité, quelques jours après le débarquement, Barbie avait manifestement décidé de démanteler la direction militaire des F.T.P.F. Mais le cloisonnement de l’organisation limite relativement les dégâts. Barbie va donc tenter d’arracher à ses prisonniers les informations que chacun détient.
Le vendredi matin 19 mai, Barbie vint à nouveau me demander qui est Vauban ? Peu après, ce sont deux sbires de la Gestapo qui viennent me demander « vous connaissez Thorez et Duclos ? » Ils partirent mais pas pour longtemps. Quelques instants plus tard, ils revinrent et me demandèrent : « Alors tu ne veux rien dire ? » Ils me firent signe de sortir et m’emmenèrent, en me déclarant : « On va bien te faire causer ». Ils me firent monter au deuxième étage, dans le même bâtiment et arrivés au bout du couloir, me firent entrer dans une pièce dont la fenêtre donnait sur la cour. Sur un côté de la pièce se trouvait déjà Barbie et deux jeunes d’une vingtaine d’années, des Français (en tout cas l’un d’eux avait un accent méridional).
Ils me déshabillèrent, m’attachèrent les poignets avec des menottes, et après m’avoir enfilé sous les genoux un morceau de bois qui reposait en même temps sur les coudes, ils posèrent celui-ci (moi suspendu après) en travers de la baignoire, ma tête plongée dans l’eau. Comme je me redressais, Barbie me versa de l’eau chaude sur la figure avec une casserole. Je ne puis dire combien de temps ce supplice a duré. Je me retrouvais assis sur le sol, toujours attaché autour du morceau de bois et les deux jeunes gens me frappaient à coups redoublés avec des bâtons, en hurlant « Salaud tu vas parler ? »
La même séance recommença une nouvelle fois, puis voyant qu’il n’y avait pas de résultat, on me fit réintégrer mon cachot.
Un peu plus tard, je vis revenir Saint-Avold qui comme moi avait dû passer au supplice car il était pâle et se tenait à peine sur ses jambes. Je sus un peu plus tard par lui-même qu’au sortir de la baignoire, il avait été tellement frappé sur les jambes que les muscles et les mollets avaient été décollés. Charles Perrin reverra Barbie et subira le supplice de la baignoire à plusieurs autres reprises, jusqu’au lundi 22 mars où il est transféré au fort Montluc, cellule 124. Il ne subira plus d’interrogatoires.
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