Hommage à Madame Odile CHADEBECH

jeudi 4 octobre 2018
par  webmestre

Les enfants d’Odile Chadebech remercient très chaleureusement la municipalité de MONTCHAL, Dominique Mauge et Christian Denis pour les attentions sympathiques et dévouées dont ils ont fait preuve à l’occasion de l’hommage rendu à leur maman.
Nous les assurons de toute notre amicale gratitude.
Hélène, Serge, Jean-Pierre, Michel, Daniel.

Déroulement de la cérémonie :

10h30 Début de la cérémonie : hommage par son fils Jean-Pierre.

CHANT DES PARTISANS, dispersion des cendres par les enfants d’Odile.

Interventions : son fils Serge et son arrière petite fille Marine puis Michel Chavanet président de l’amicale des maquis d’Azergues et Roger GAY président de l’ANACR du Rhône.

La chanson « ROUGE » de JJ GOLDMAN, accompagne le dépôt des gerbes et des fleurs.
Maman avait demandé cette chanson de JJ Goldman en souvenir de son père Alter Moïshé Goldman un camarade de résistance, qui était instructeur militaire du bataillon « Carmagnole » des FTP-MOI de Lyon et qui sera chef de commando lors de l’insurrection de Villeurbanne en Août 1944. Il sera décoré de la Légion d’Honneur juste avant sa mort fin 1988.

Mr Christian DENIS, maire de Montchal, prend la parole et invite les participants à un temps d’échange et de convivialité organisé par la municipalité.

Un moment de silence et de recueillement précèdera LA MARSEILLAISE reprise par les participants pour terminer cet Hommage.


Hommages

De son fils Jean-Pierre

Mmes & Mrs, chers tous merci de votre présence à nos cotés

Pour un fils …honorer la mémoire de sa maman, ...c’est un exercice difficile et même périlleux, particulièrement dans de telles circonstances, dans un tel lieu et quand il s’agit d’ une telle mère… aussi je ne vais pas retracer notre saga familiale, mais, à travers sa vie publique essayer de lui rendre l’hommage qu’elle méritait en cette journée du patrimoine auquel désormais elle appartient.

Auparavant, permettez-moi de remercier du fond du cœur Hélène et Roland qui ont partagé sa vie toutes ces dernières années et qui se sont dévoués, au quotidien, pour qu’elle ne finisse pas ses jours dans une MAPAD.

Je remercie sincèrement tout ses professionnels de santé qui ont fait preuve d’une grande humanité et d’un profond respect à l’égard d’une « vieille résistante » pas toujours facile à soigner.

Je remercie la commune de Montchal, son maire Mr Denis, ses administrés, je salue leur belle et indéfectible fidélité à la mémoire de la résistance et la possibilité qui nous est donnée ce 16 Septembre, de respecter les dernières volontés de notre mère.

Je remercie Michel Chavanet et l’Amicale des Anciens des Maquis de l’Azergues d’avoir accepté, qu’en ce lieu de mémoire, les cendres d’Odile viennent rejoindre celles de Marcel Chadebech son camarade de Résistance et compagnon de vie.

Nous… les enfants d’Odile… avons perdu notre mère… la REPUBLIQUE elle… a perdu une fille qui s’engagera très tôt dans les combats pour La Liberté, l’Egalité et La Fraternité.

Voici rapidement, depuis son enfance, les différentes organisations et associations qui serviront de cadre à son engagement et à ses combats, elle sera, selon le cas, simple membre ou sous officier, sympathisante ou adhérente, militante ou responsable.

Faucons rouges mouvement de l’enfance ouvrière, inventant une « République des Enfants » dont les valeurs éducatives seront la mixité, l’autodiscipline et l’autogouvernement.

Forces Unies De La Jeunesse Patriotique rattachée aux FTPF, au vrai Front National puis aux FFI, luttant contre l’occupant nazi et le régime de Vichy, pourchassés par leurs sbires, comme ce préfet Boutemy, à qui l’on doit le sang versé ici et les noms gravés dans cette pierre du Magat.

Parti Communiste Français « le parti des fusillés » luttant dans l’ombre pour libérer le pays et restaurer la République. Participant à l’élaboration du programme du Conseil National de la Résistance et agissant, depuis la libération de la France, pour faire appliquer, respecter, ou défendre toutes ces grandes avancées sociales du CNR aujourd’hui menacées.

Union des Femmes Françaises s’opposant, par exemple, gare de Perrache à Lyon, au départ pour l’Algérie des trains de jeunes appelés du contingent et exigeant l’arrêt de cette guerre coloniale qui ne disait pas son nom. Militant également pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps.

Confédération Générale du Travail luttant, revendiquant et manifestant pour défendre les droits des travailleurs et de leur famille.

Mouvement de la Paix militant pour la paix dans le monde et demandant le démantèlement des armes nucléaires.

Association France-URSS œuvrant pour l’amitié et la fraternité entre les peuples.

Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance l’ANACR.
Mobilisant les consciences sur le nécessaire devoir de mémoire selon cette formule « ni haine, ni oubli ».
Exigeant et obtenant l’instauration d’une Journée Nationale De La Résistance.
Témoignant inlassablement auprès des jeunes et des scolaires sur l’importance du rôle joué par Résistance intérieure dans la Libération de la France, et les informant des conséquences et du danger des idées nationalistes, racistes ou xénophobes.

Amicale des anciens des Maquis de l’Azergues perpétuant et honorant la mémoire des maquisards du camp Desthieux, œuvrant pour préserver des liens de fraternité avec leur famille et conserver des liens d’amitié avec les populations locales.

Maman sera de tous ces combats et de bien d’autres, elle trouvera même le temps de mettre au monde et d’élever… cinq enfants. Quatre garçons et une fille… je vous laisse imaginer les innombrables aventures et mésaventures vécues dans une telle fratrie… oui c’est bien d’une véritable saga familiale dont il s’agit ! Elle serait vraiment bien trop longue à raconter.

Par son exemple, de mère courage, s’insurgeant et luttant contre toutes les injustices d’où quelles viennent, elle nous transmettra une solide éducation, citoyenne, laïque et républicaine, dans laquelle la Liberté L’égalité et la Fraternité ne sont pas seulement des mots gravés au fronton des bâtiments publics.

À ces cinq là… j’aimerais ajouter un sixième « héritier » trop tôt disparu, Guy Fischer vice président du Sénat qui revendiquait, à qui voulait l’entendre, sa filiation philosophique et politique avec Odile.

Maman c’est aussi un caractère bien trempé qui ne date pas d’hier… en atteste cette dépêche ministérielle datée du 7 Juin 1947 lui notifiant officiellement son grade :
Adjudant des Forces Françaises de l’Intérieur … adjudant ... une femme… à 22 ans ! Ça ne s’invente pas !

Je vous livre trois souvenirs personnels pouvant illustrer son caractère :
Enfant et cette voiture miniature que j’avais dérobée dans un magasin… et qu’il m’a fallu aller rendre en m’excusant, avec la honte que vous imaginez !
Son intrusion mouvementée, brandissant sa carte de Résistant, dans un commissariat de Lyon où, convoqué seul, j’attendais pour être auditionné … soudain derrière une porte j’entends « Non Madame ! Non Madame ! Nous ne l’avons pas touché ! D’ailleurs on le laisse repartir tout de suite ! » Maman était venue me « Libérer » Nous étions en 1968 !
Bien plus tard, à l’issue d’une cérémonie officielle, cet aparté teinté d’inquiétude d’André Gérin, alors député-maire de Vénissieux « ta mère vient de me féliciter… la connaissant… je me demande bien quelle connerie j’ai pu faire ? ».

Et… comme un ultime hommage, au lendemain de sa disparition, le président de l’ANACR du Rhône Roger GAY me confie au téléphone : « Tu as perdu ta mère … nous… on perd un monument ».   Voilà… maman nous quitte… c’est une page de notre histoire commune qui se tourne… à nous ses enfants, à vous les générations qui suivent et à celles qui vous suivront… de continuer son combat pour un monde meilleur, c’est le seul héritage qu’elle entendait nous laisser.

Au revoir et merci ma petite mère.

Je vous remercie de votre attention.

De son fils Serge

...citations de deux grands poètes et écrivains quelle admirait...

« L’utopie est la vérité de demain. »

« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. »......Victor Hugo -

 

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle

Des manières de rois et des fronts prosternés

Et l’enfant de la femme inutilement né

Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue

Le massacre toujours justifié d’idoles

Aux cadavres jeté ce manteau de paroles

Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Louis Aragon

De son arrière-petite-fille Marine

Les adieux les plus difficiles sont souvent pour les êtres chers que l’on ne veut pas laisser partir.

J’aurai tellement de choses à dire sur toi, sur nous Mamie Tutut.

Une complicité, un amour, inexplicable entre une arrière-grand-mère et son arrière-petite-fille.

Je voudrais te remercier une dernière fois, oui une dernière fois pour tout ce que tu as fait pour moi durant ces 22 dernières années, te remercier de ce que tu as fait de moi car tout ce que je suis aujourd’hui c’est en grande partie grâce à toi.

J’ai perdu mon repère mais je sais que tu continueras de me guider de là où tu te trouves.

Tu resteras pour toujours une Grande Dame dans mon cœur, dans le cœur de beaucoup de personnes.

Après 92 ans de vie le moment tant redouté pour moi est venu de te dire

Adieu Mamie

Je t’aime et cela pour toujours.

Marine

Michel CHAVANET (Président de l’Amicale)

CHERE ODILE

Au nom de tous les membres de l’amicale des anciens des maquis de l’Azergues je vous dis merci. Merci pour votre engagement à nos côtés pour faire perdurer le souvenir de celles et ceux qui ont contribués à libérer notre pays.

Merci pour le travail effectué à faire reconnaître notre Amicale auprès de vos amis et relations. Merci pour vos initiatives et votre clairvoyance pour avoir fait entrer notre association dans la modernité en lançant le projet d’un site internet afin que le plus grand nombre de personnes puissent être informés sur nos activités.

Votre fierté était légitime lorsque vous nous annonciez le nombre de consultations du site : Dix mille, Trente mille et bientôt Cent mille visiteurs intéressés par l’histoire des maquis de l’Azergues.

Ce succès nous vous le devons, par votre assiduité et persévérance à la bonne tenue des articles et photos qui animent le site. Ce résultat est le fruit d’un travail quotidien qui vous tenait à cœur pour faire perdurer le devoir de mémoire.

Merci à vos enfants, Hélène, Serge, Jean-Pierre, Daniel et Michel et petits enfants qui auront à cœur de poursuivre ce que vous avez accomplit pendant toutes ces années.

Aujourd’hui nous sommes réunis avec émotion pour vous rendre un dernier hommage à l’occasion de la dispersion de vos cendres autour de ce monument qui marque l’histoire glorieuse de notre pays.

Odile tous vos Amis vous disent Merci.

Michel Chavanet le 16-09-2018

Roger GAY (Président ANACR du Rhône)

Chers Amis

Cela fait un peu plus d’un mois que Odile nous quittait. Nous étions rassemblés le13 août autour de sa famille, de ses amis dans une cérémonie précédant la crémation.

Aujourd’hui nous achevons le parcours en accompagnant la dispersion de ses cendres en ce lieu ou elles se mêleront à celle de son cher Marcel qu’elle a rejoint dans un au delà que chacune et chacun conçoit selon ses convictions mais qui pour tous s’inscrit dans la mémoire et le souvenir immortels.
Ainsi Régine retrouve le Commandant Caron.

Odile était un personnage hors du commun…sa vie, son parcours sont là pour nous le rappeler.

Une vie d’engagement et de fidélité aux idéaux hérités d’une famille ouvrière établie dans la ville populaire de Villeurbanne.

Elle comprendra très vite l’engagement social et politique de sa famille et toute jeune elle en fera l’apprentissage.

A la déclaration de guerre, du haut de ses 14 ans, la jeune Odile Monin ressent le changement du monde qui l’entoure.

Le parti communiste, dont son père est un militant, est interdit, et la menace répressive rôde.

Ses premières actions seront de contribuer à sauvegarder et planquer les documents du syndicat CGT de Villeurbanne.
Son jeune age la fait passer inaperçue.
Mais elle ne s’arrêtera pas, tout d’abord, elle tapera des tracts et la cave de la maison familiale deviendra vite un lieu d’impression de ces tracts et papillons que l’on collera, mettra dans les paniers des ménagères sur le marché ou que l’on jettera dans le tram.

« Directement du producteur au consommateur se plaisait à ironiser Odile ».

Par la suite Odile travaillera dans une fabrique de munitions, chez Manurhin, là elle encourage les jeunes à rejoindre les maquis et en particulier ceux de l’Azergues.

C’est à partir de ce moment la que pour elle la Résistance a vraiment commencé.

Ayant adhéré a la jeunesse communiste clandestine elle y rencontrera Roger Pestourie (Maurice) qui en était le responsable.

Elle deviendra agent de liaison, un rôle essentiel mais pas sans danger. En août 1944 on l’envoie à Grenoble (chemin qu’elle fera à vélo) elle y arrive au moment où la ville est libérée…alors c’est le retour à Villeurbanne et elle se retrouvera dans un maquis dans le secteur de Décines.

Après la Libération, revenue à ce que l’on appelle la vie civile, Odile ne cessera pas ses combats pour cette liberté chèrement acquise et gardant de cette période, au cours de laquelle elle vit disparaître nombre de ses camarades de Résistance, des souvenirs riches d’espoir.

Toute sa vie sera guidée par ses engagements sociaux et politiques.

Elle aura fortement marqué celles et ceux qu’elle a côtoyés.

Les nombreux messages de sympathie que nous avons reçu à l’ANACR au moment de son décès sont la pour en témoigner, citons parmi eux ceux de Michèle Picard, Maire de Vénissieux, Jean- Dominique Durand adjoint au maire de Lyon en charge des anciens Combattants, Christiane Charnay, Maire de Givors, Jean Ricci président du Comité départemental de Liaison des Anciens combattants et Résistants ou encore Jeannine Guidollet de l’Association des Glières et veuve du préfet de Haute-Savoie à la Libération.

Elle faisait partie de ces femmes qui ont largement contribué à la Résistance comme le soulignait le Maire de Lyon lors de son discours aux cérémonie de la Libération, le 3 septembre, citant Odile Chadebech parmi ces Résistantes qui ont marqué la région Lyonnaise.

Lors de la cérémonie du 13 août je disais qu’Odile se retrouvait dans deux appels à la Résistance au travers de deux citations de ceux-ci française
Celui du 18 juin 1940 du Général de Gaulle affirmant que « la flamme de la résistance ne s’éteindra pas » et celui du 10 juillet 1940 du Parti Communiste Français disant « que jamais un grand peuple comme le notre serait un peuple d’esclaves » .

Il y a dans ces deux phrases toutes les facettes de ce qu’Odile représentait et qu’elle transmettait lorsqu’elle témoignait auprès des jeunes ou qu’elle intervenait dans nos assemblées de l’ANACR.

En ce moment symbolique de dispersion de ses cendres, je tiens à redire notre sympathie à ses enfants, petits enfants et arrières petits enfants, à toute sa famille.

Quelle fierté d’avoir eu une mère, une grand-mère de cette envergure.
C’était vraiment une grande dame.

Pour nous, pour notre association elle nous incite à poursuivre le combat, ce combat pour la Liberté, pour les droits, pour la paix, mais aussi pour combattre le fascisme qui malheureusement menace encore.
…..Le combat contre la bête immonde est hélas encore d’actualité.

Nos associations, dont l’ANACR ainsi que l’Amicale des Maquis de l’Azergues sont les garants de la mémoire et du message transmis par Odile, mais aussi Marcel Chadebech et leurs camarades.

Nous en mesurons toutes et tous notre responsabilité !


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